L’entreprise « contributive » serait-elle née ? La loi Pacte, adoptée en mai 2018, offre en effet la possibilité aux entreprises d’inscrire leur « raison d’être » dans leur statut. En clair : leur contribution à l’intérêt général. Nos députés font le pari qu’entre privé, public et économie sociale et solidaire peut émerger un 4e voie, vertueuse, pour des entreprises conjuguant objectifs business et objectifs citoyens.
Loin de toute évolution statutaire, la crise du COVID vient confirmer la possible dimension contributive des entreprises. Dans une situation de crise, les actions de solidarité ce sont multipliées. Spontanément. Nécessité a fait loi. Mieux, elles ont été plébiscitées par les Français.
Accélération avec la crise du COVID
Comme pour différentes pratiques qui se sont généralisées pendant la crise, une étape a été franchie qui boostera probablement la raison d’être et l’entreprise contributive à l’avenir.
Plus que jamais, cette exigence sera en effet demain incontournable. 60% des français déclarent renoncer à un produit jugé non responsable. Pour 78% des générations X et Y, l’engagement environnemental est un critère de choix de son organisation
Mieux que de la RSE
Certes, la raison d’être recoupe en partie la RSE mais s’en distingue toutefois nettement. Elle doit être d’abord « inhérente à l’activité de l’entreprise ». Surtout, elle induit une dimension stratégique, dont est trop souvent, dépourvue la RSE. Enfin, elle impose, c’est l’une de ses clefs, une très large consultation des parties prenantes, au premier rang desquels les collaborateurs. Bref, c’est (normalement…) un projet d’entreprise structurant.
Le concept est donc intéressant pour peu qu’il ne soit pas dévoyé. Que le green washing ne soit pas remplacé par du green purpose. Que les engagements ne se révèlent pas seulement être d’aimables déclarations d’intention. C’est pourquoi la raison d’être ne pourra être jugée que par sa traduction en actions concrètes… en somme : sur preuves. C’est ce qu’on fait beaucoup d’entreprises pendant la crise du COVID.
Après le greenwashing, la tentation du green purpose ?
Toujours est-il que certains grands groupes ont déjà défini leur raison d’être (Danone, SNCF, MAIF, Carrefour…). C’est aussi pour les créateurs d’entreprises l’opportunité d’affirmer leurs convictions dès la genèse de leur aventure entrepreneuriale. Et à tous, peut-être, une chance de trouver plus de sens dans son travail
Pierre BERNARD
Aller plus loin : comment mettre en place une stratégie de contribution à l’intérêt général ?
5 conclusions sur l’utilité sociale des entreprises révélée par la crise.